Sa forêt nourricière lui a valu un rendez-vous à Matignon

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Le Dauphiné Libéré, le 22 avril 2024

Le Dauphiné libéré met “à la une” celles et ceux qui font bouger leur territoire. Notre journal valorise les actions et les figures positives en proposant, les lundis, des portraits de femmes et d’hommes qui s’engagent pour l’avenir. Cette semaine, rencontre avec Cassie Texier, qui crée une forêt nourricière en Sud-Ardèche.

Sur le sol parfois capricieux du Sud-Ardèche, Cassie Texier ne compte pas ses efforts. Depuis trois ans, l’entrepreneure de 55 ans sillonne sans relâche un terrain de deux hectares attenant au mas racheté et rénové par ses soins à Saint-André-de-Cruzières. « J’ai été aidée par un ami », précise-t-elle. Le gîte accueille des familles, des groupes d’amis ou des entreprises pour leurs séminaires. Il est maintenant temps de se dédier à son projet phare, situé à côté du bâtiment.

Dehors, des petits sentiers de marche ont été déjà tracés. Une centaine d’arbres, d’arbustes (principalement fruitiers) et des plantes émergent… Dehors, des petits sentiers de marche ont été déjà tracés. Une centaine d’arbres, d’arbustes (principalement fruitiers) et des plantes émergent d’un sol qui accueillait autrefois des pieds de vigne. « Les sangliers et les chevreuils aiment bien venir gratter, mais cela fait partie des imprévus », sourit-elle. Malgré les aléas, son investissement commence à payer. Cassie Texiér poursuit la création d’un jardin et d’une forêt nourricière. L’espace est destiné à devenir un lieu de sensibilisation, d’expérimentation et de préservation de la biodiversité locale.

Le “coup de coeur” pour une ancienne magnanerie

Cette envie a germé dans son esprit à la suite du confinement en 2020. Alors qu’elle était déjà sensible aux questions environnementales, la période réveille en elle un besoin de s’engager encore plus. Elle est alors thérapeute en Drôme Provençale depuis 5 ans, après 30 ans de carrière dans l’audiovisuel. “J’ai vu la nature reprendre ses droits et j’ai voulu agir à mon niveau, en trouvant un sens à ce que je faisais”, se souvient-elle. Elle entame des recherches pour tenter de trouver le lieu idéal et créer sa forêt, avant de tomber sur un coup de coeur, “Les lieux abritaient une magnanerie et l’ancien propriétaire avait tendance à tout garder. C’est comme si le temps était figé. J’ai tout de suite été séduite par cet endroit. Dès que je l’ai vu, je savais que c’est ici que je m’installerais.

Pas de doute, c’est le moment pour elle de se lancer. Là où d’autres ont dû abandonner leur projet de reconversion à la suite du Covid, Cassie Texier n’a jamais lâché. Même quand elle s’est sentie seule à croire au projet, “Il y a eu des moments difficiles, notamment lorsque j’ai sollicité les banques. Elles ne voulaient pas me suivre parce qu’elles pensaient que ça ne marcherait pas”, se rappelle-t’elle. Epaulée par la Chambre de Commerce et d’Industrie, ou encore l’association Initiative Seuil de Provence Ardèche Méridionale, Cassie Texier achète et intègre le mas. Les travaux démarrent en 2021, avec un leitmotiv pour la propriétaire : utiliser au maximum les matériaux et objets trouvés lors de son emménagement. “Je voulais conserver l’âme de ce lieu. Sinon cela ne servait à rien pour moi de vivre ici.” En touche-à-tout, elle peint, répare, transforme l’espace à son image.

Créer un “jardin d’Eden ardéchois”

Puis, après avoir potassé le sujet et rencontrer des naturalistes et des acteurs locaux engagés dans la biodiversité, elle commence à semer les premières essences pour s’attaquer à la réalisation du jardin et de la forêt. Là encore, Cassie Texier veut réveiller le passé de l’Ardèche, tout en respectant les lieux. « L’idée, c’est de redonner place à la garrigue et de restaurer le biotope. Je prélève en très petite quantité des espèces locales pour redonner un maximum de place à la biodiversité qui était présente ici. C’est une sorte de jardin d’Eden ardéchois que j’ouvrirai à tous, des curieux aux écoliers en passant par mes voisins ».

S’il reste encore pas mal de travail, les efforts de la Néoar-déchoise ont déjà été récom-pensés. Dans le cadre d’un concours national intitulé “101 femmes de Matignon”, elle a été nommée ambassadrice du département pour inciter d’autres femmes à se lancer dans l’entrepreneuriat. Elle a participé à un séjour à Paris en compagnie de toutes les autres sélectionées. Le moment s’est conclu par une réception le 8 mars à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes à Matignon. “Pour moi cela permettait de valider la singularité de mon intiative. Maintenant j’ai à coeur d’aider les femmes qui souhaitent devenir entrepreneure d’aller au bout.” Une nouvelle mission démarre pour Cassie Texier, qui n’oublie pas pour autant son objectif : continuer de travailler la terre du Sud-Ardèche et recréer sa biodiversité.

Anthony Gonzalez

https://www.ledauphine.com/environnement/2024/04/21/sa-foret-nourriciere-lui-a-valu-un-rendez-vous-a-matignon-j-ai-voulu-creer-un-jardin-d-eden-ardechois?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTEAAR3QbaUTMFyUA5-_Q5Sj7JNK4F8vRMSkZj9Y8ZHd9Pb0S50b6qBknyrCK_o_aem_AR-OyMaKPUO_s1Qspe6Gs_YhXGH2tRqb615pqYfLqVDPll_VPghX0kmULu5lg01FQ8LjUatq56_qryV8WmujPzH8